Les
débuts du Zippo
En
1945, alors que la guerre fait rage dans
le pacifique, un combat d'arrière
garde est mené au Viêt-nam
par une poignée d'hommes. Tous formés
à la même école, frères
d'armes mais opposés dans cette lutte
de partage entre la France et les Etats
Unis. Les SOG américains encadrent
et forment les combattants de l'oncle Ho,
les français et leurs fidèles
partisans Moïs combattent à
la fois les japonais, les trafiquants laotiens
et le Viêt minh.
Les
premiers briquets gravés au Viêt-nam
le furent sous l'occupation française
pendant la guerre d'Indochine. Les briquets
de cette époque étaient de
fabrication française ou japonaise
essentiellement des briquets tempête
de marque Olympic dont les faces se prêtaient
bien à la gravure, des Dragos et
des Vulcanos avec une double molette et
un protège mèche articulé
mais aussi de rares zippos rescapés
de la guerre de Corée.
Les
briquets zippo's sont partagés inéquitablement.
Les américains possèdent des "Black
Crackle" envoyés par Georges Blaisdell
sur tous les fronts et les français
quelques pâles copies; mais à partir de
1946 des nickel silver et plus tard les
briquets de la guerre de Corée. Même non
fumeur, le combattant de guérilla avait
besoin d'un briquet fiable, robuste et s'allumant
par tous les temps.Lors du siege de Dien
Bien Phu, des aviateurs Américains
stationnés sur les bases aériennes
de Gia Lam et de Bach Mai, près de
Hanoï ont donné des briquets
Zippos aux pilotes des Dakotas et au personnel
mécanicien. Ces briquets ont été
échangés avec les hommes de
la Légion.
Lors
de l'occupation française, après
le départ des japonais, les soldats
sur place sont surtout des légionnaires.
La légion avait renforcé ses effectifs
après l'hécatombe de 1945 et bon
nombre de ses soldats issu du reste des
armées défaites, parlait un français
approximatif. Aussi les premières
gravures tracées sur leurs briquets
ont la candeur de ce français approximatif.

VIVE
LA LEGION ERANGIER LES KEPI BLANC
Les
briquets étaient gravés rue Catinat à Saigon,
passage obligé des permissionnaires et réputée
pour ses bars et ses filles.
Les
toutes premières images gravées sur des
zippo's furent : La carte du Viêt-nam avec
le nom des villes principales, de Hanoi
à Saigon en passant par Tourane le nom français
de la ville de Da-nang, la femme à l'oiseau
et la tonkinoise qui représentaient des
scènes érotiques en retournant l'image.
Le fameux "Touché?" et le pousse
pousse. Sur le dessin du couple dans le
même bain, l'homme porte le képi blanc de
la légion.
Les
GI's au Viêt-nam
Le
8 mars 1965, les premières troupes américaines
prennent pied au Viêt-Nam dans la province
de Da-Nang puis occupent le territoire du
sud Viêt-Nam de la rivière Ben-Hai dans
la zone démilitarisée à Ca-Mau la ville
la plus au sud.
La
majorité des unités américaines a immédiatement
ouvert des magasins de fournitures pour
améliorer le sort des combattants. Les fameux
P.X. Il était possible de se procurer tout
ce que l'american way of life avait produit
pour ses enfants. De la bouteille de coca
à la montre Hamilton en passant bien sûr
par l'incontournable briquet zippo.
La
majorité des briquets gravés au Viêt-Nam
a des codes d'identification compris entre
1965 et 1973 (les troupes américaines ont
quitté le Viêt-Nam au début de l'année 1973.
Seuls les conseillers militaires sont restés
jusqu'à la chute de Saigon le 30 avril 1975).
Tous
les briquets produits entre 1932 et 1965
ont pu être gravés au Viêt-nam. A cette
époque un nombre important de correspondants
de presse, de baroudeurs, de membres des
forces spéciales et même des touristes ont
séjourné au Viêt-Nam et beaucoup d'entre
eux possédaient des briquets zippo. Les
soldats ayant servi en Corée ou pendant
la seconde guerre mondiale utilisaient des
zippos et les ont amenés au Viêt-Nam.
Les
gars qui ont utilisé ces zippo
Lorsque
vous avez un véritable zippo du Viêt-Nam
entre les mains, vous ne pouvez vous empêcher
de penser au type qui l'a utilisé
pendant son séjour là-bas.
Pour comprendre l'histoire de ces briquets,
vous devez vous replonger dans l'histoire
de ces types.
Ils avaient juste quitté l'école
et découvraient une vie d'aventure,
de sexe, de souffrance d'alcool, de drogue
et de mort. Ils écrivaient "Born
To Kill" ou "Fuck It" sur
leurs casques, ils écoutaient les
mêmes chansons que tous les jeunes
de leur age, ils aimaient les mêmes
filles et ne pensaient qu'a la bagnolle
qu'ils achèteraient en sortant de
ce merdier.
Ils méprisaient les Vietnamiens car
ils ne comprenaient pas leur culture. Ils
ne supportaient pas l'attitude réservée
de ce peuple qu'ils étaient venus
défendre. Dieu marchait à
leur coté, ils amenaient leur conception
de la liberté et ce battaient pour
elle. Le plus grand problème des
soldats était la communication avec
les Vietnamiens. Dans un pays ou le mot
"Ma" peut se traduire de six façon
différentes en fonction de la prononciation,
comment pouvaient ils partager leur misère.
Seules les prostituées avide de récupérer
quelques dollars les écoutaient.
Le
Viêt-Nam a englouti leurs rêves,
Dak to, Ia Drang, Khe Sanh, Hué et
Hamburger Hill les ont fait grandir. Leurs
rêves se sont transformés en
cauchemars. Ils sont devenus violents et
cyniques mais avant tout, ils avaient peur
de la mort. Avec la Flower revolution, ils
ont échappé au contrôle
de l'armée. Dès 1967, vous
pouviez croiser des gars avec des bandanas
taillés dans un morceau de parachute
camouflé avec les cheveux longs sur
le cou, des hélicos avec une vraie
queue de renard accrochée à
l'antenne, des types des Black Panther coiffés
comme Jimi Hendrix vraiment durs et vraiment
biens, des types qui s'occupaient de vous
quand les choses allaient mal.
Le temps est de mon coté, priez pour
la guerre, né pour tuer, né
pour mourir, né pour perdre inscrits
sur leurs casques puis sur les murs et enfin
gravés sur leurs Zippos. Il y avait
à Khe Sanh un marine qui brûlait
sa veste de combat sur laquelle était
inscrit " Yea Though I Walk Through
The Valley Of The Shadow Of Death I Will
Fear No Evil For I Am The Evilest Son Of
A Bitch Of The Valley" parce que tous
les connards de la "Z" avaient
écrit la même chose depuis
qu'il se trimballait avec ça sur
le dos.

Les
GI's étaient si attachés à
leur Zippos que le Vietcong en laissait
traîner quelques uns piégés
dans les bars ou les endroits fréquentés
par les soldats. Ils étaient sur
que tôt ou tard un GI's allait le
ramasser.
Pour
comprendre les Zippos du Viêt-Nam,
retrouvez la cassette de Platoon d'Oliver
Stone ou celle de Full Metal Jacket de Kubrick,
lisez Putain de Mort de Michael Herr. Vous
penserez à tous ces mecs et à
ce petit bout de métal ou ils ont
inscrit leurs peines, leur rage de vivre
et leur peur de mourir avant de rejoindre
le monde.
Comment
les GI's faisaient graver leur Zippo
Imaginez
que vous soyez un jeune soldat US, vous
avez acheté votre briquet dans un PX et
vous voulez le faire graver. Vous allez
chez le graveur du coin et demandez q'il
fasse ce boulot. Sa boutique ressemble à
celle ou vous allez lorsque vous voulez
de nouvelles plaques de voiture ou pour
faire graver le collier de votre chien.
Le graveur ne parle pas très bien anglais
aussi vous inscrivez votre texte sur une
feuille de papier. Il compose son texte
sur la forme à graver, et vous relisez soigneusement.
Pour
l'insigne de votre arme ou dessin sympa,
il a déjà des plaques avec les principaux
insignes utilisés au Viêt-nam, snoopy sur
sa niche et pas mal de femmes nues. Vous
choisissez le votre, et si tout est correct,
il peut commencer son boulot. Il enlève
le briquet de la machine et le frotte au
papier de verre pour enlever les bavures.
La gravure est brillante comme de l'or.
Ne vous en faite pas, à la fin de votre
service elle sera sale, brune d'oxydation.
Vous
payez: dans les années soixante le prix
était de 50 cents par face, et vous retournez
à votre base, heureux avec votre précieux
briquet. Personne ne voulait avoir un briquet
souvenir avec une piteuse gravure.

Depuis
la seconde guerre mondiale l’une des actions
des soldats était la personnalisation de
leurs briquets. Dans la rigueur militaire
et le désespoir liés à la guerre c’était
leur seul moyen de dire " merde "
à l’armée mais aussi au monde entier.
Très
peu de commandants d’unités au début de
la guerre toléraient ouvertement les poésies,
signes de paix et autres graffitis sur les
équipements militaires. Les soldats avaient
besoin de signes d'appartenance et de moyens
d'expressions. Quelques objets devinrent
des fétiches, sur lesquels ils inscrivaient
leurs sentiments. Le briquet Zippo en faisait
partie. Il était le seul compagnon à qui
ils confiaient leurs peines, leur tristesse
et aussi la rage de vivre de leurs vingt
ans.
Au
début les soldats gravaient leurs noms,
les lieux où ils stationnaient et les insignes
de leurs unités à l'aide de leur couteau
ou d'un objet pointu. Les plus habiles exécutaient
des gravures pour leurs compagnons. D'autres,
moins doués, ont cherché des graveurs locaux
pour réaliser un travail de meilleure qualité.
Ceci donna l'idée aux vietnamiens de tirer
profit de cette habitude et très vite de
petites boutiques proposèrent des briquets
de fabrication japonaise ou coréenne avec
ou sans gravure.
Même
si les soldats n'étaient pas tous des fumeurs,
tous avaient besoin d'un briquet pour allumer
un feu, réchauffer les gamelles ou tout
simplement au cas où. Si vous vous approchiez
d'un endroit où l'on jouait au poker, il
y avait autant de zippos sur la table que
de joueurs. Ils conservaient du sel dans
le fond de leur briquet pour compenser les
pertes dues à la déshydratation. Et puis
il y avait cette rumeur au sujet d'un gars
qui avait vu un gars sauvé par le briquet
qu'il portait dans la poche de sa veste
de combat.
Les
briquets les plus célèbres sont ceux des
sergents Naugle et Martinez.
Le
sergent Naugle a pu signaler sa position
aux hélicoptères de secours en allumant
le briquet qu'il portait accroché à son
M16.
Le
sergent Martinez fut plus chanceux. Il portait
toujours son zippo dans la poche de sa veste
de combat. Un jour son unité a été accrochée
par une patrouille Nord Vietnamienne, le
feu était nourri, une balle le frappa en
pleine poitrine, détruisant le zippo, le
laissant sonné mais en vie.
Cette
histoire a été rapportée par le magazine
Life et fut reprise dans une publicité pour
les briquets Zippos.