Gravures
manuelles
Le
graveur vietnamien, habitué d'un bar
à filles, se tenait dans un coin de
la salle. Un outil qui ressemblait à
la roulette des dentistes et une batterie
de vieux GMC constituaient son échoppe
improvisée.
Le
soldat choisissait parmi les motifs et les
textes proposés celui qui collait
le plus à son état d'esprit
du moment. En quelques minutes, le graveur
effectuait un travail de qualité moyenne
pour 25 cents par face gravée. La
qualité de la gravure dépendait
de la sûreté des mains du graveur
et de sa bonne vision. Si celui-ci utilisait
ses premiers gages pour se payer quelques
bières, la qualité de son travail
s'en ressentait.
Gravure
réalisée à la main
Dans
cette catégorie de gravures il y
a de très beaux briquets et d'autres
un peu bâclés. C'est aussi
le type de gravure actuellement utilisé
dans certains ateliers au sud Viêt-nam
ou des jeunes filles gravent à longueur
de journée des briquets en acier
chromé provenant de chine.
Les
briquets pré gravés, livrés aux P.X.
en provenance de Saigon ne comportaient
ni sexe ni allusion à la drogue à
l'alcool ou à la vulgarité.
Les scènes érotiques, le slang
et la référence à la
drogue ont été ajoutés
par les graveurs dans les villages situés
près des bases américaines.
Gravures
à la machine
Les
graveurs vietnamiens opéraient dans
les environs des bases américaines
Le matériel utilisé était
constitué d'un pantographe monté
sur une table de travail dont la partie
supérieure comprenait un étau
pour serrer les pièces à graver
et une forme recevant les gabarits. Ces
gabarits étaient en laiton ou en
bois, d'une taille supérieure à
la gravure définitive. Un palpeur
relié au pantographe qui porte l'outil
suivait les contours du gabarit et la fraise
rotative gravait le corps du briquet.
Il
était possible de réaliser
le même motif à des échelles
différentes. Les textes étaient
composés lettre à lettre ou,
s'il étaient choisis dans le catalogue,
déjà pré montés dans une forme.
Il existait plus de 200 dessins différents
et un peu moins de cent textes. Le fabricant
de machines à graver, la société
Hermes, fournissait aux graveurs de Saigon
des plaques en couleur avec la pluspart
des dessins disponibles et les gabarits
de ces dessins. De snoopy sur sa niche en
passant par le cyclo-pousse, les insignes
de toutes les divisions US et des filles
nues.
Gravures
réalisées sur la tranche avec
le réglage mini du pantographe
Le
texte le plus populaire semble être
" Yeah though I walk through the valley..."
dont il existe une variante plus rare "
Yeah though I Fly through the valley..."
qui est une refonte du Psaume 23: "...Quand
je marche dans la vallée de l'ombre
de la mort, je ne crains aucun mal car tu
es avec moi....."
Le
suivant le plus rencontré est Freedom,
"For those who fought for it freedom..."
et enfin le fameux "Death is our Business
and Business has been good" que l'on rencontrait
quelquefois inscrit sur le casque des soldats.

Pentographe
utilisé au Vietnam pendant la guerre
et plaque émaillée fournie
par la société Hermes.
La
gravure semble faite à la main car
les machines ont beaucoup de jeu et les
gabarits sont parfois très usés.
C'est ce type de gravure que l'on rencontre
sur les briquets complètement contrefaits
proposés par les vendeurs des rues
actuellement au Viêt-Nam.
Gravures
réalisées hors du Vietnam
Les
soldats passaient leurs périodes
de détente sur les plages de China
Beach ou de Vung Tau mais quelques fois
partaient se ressourcer en Thailande aux
Philippines ou au Japon. Le système
de post exchange existait aussi dans les
bases américaines du Japon et les
artistes japonais proposaient des zippos
gravés. Principalement des sterling
silver décorés de tigres ou
de dragons, mais aussi d'authentiques zippos
avec des dédicaces de la guerre du
Viêt-Nam. Bien entendu il s'agit de
copies en général de très
bonnes qualités et impossibles à
détecter car les briquets sont vrais,
les dates sont correctes et le travail était
réalisé à la demande
des soldats.

Briquet
en argent massif gravé au Japon
Les
vendeurs de bijoux à Bangkok offraient
souvent des briquets en argent pour toutes
commandes importantes. Ces briquets étaient
réalisés à partir d'une
feuille d'argent repoussée et ornée
en relief des principaux motifs de la mythologie
orientale. Des tigres, des éléphants
mais aussi les insignes des unités
servants au Vietnam. Le dos du briquet était
décoré de l'adresse de la
boutique.
Briquet
en argent fabriqué à Bangkok
et ramené en souvenir
L'industrie
japonaise proposait des briquets de marque
Vulcain ou Penguin gravés à
l'acide à l'effigie des navires de
guerre américains ou australiens.
Ces briquets étaient fabriqués
sur commandes spéciales d'au moins
100 pièces pour la modique somme
de 1 dollar chaque livraison comprise. La
gravure est differente de celle réalisée
par la firme Zippo.


Briquet
Penguin à gauche et le zippo à
droite
Gravures
faites en Allemagne
Entre
1963 et 1975 un graveur Allemand a réalisé
ces gravures pour le compte des troupes
d'occupation. Elles sont la continuation
de ce qui se faisait au Viêt-Nam.
Si vous possédez ce type de briquets
je serais heureux de recevoir des photos.
Cheminées
découpées
Les
vrais briquets ont parfois leur cheminée
découpée. Ces découpes
étaient faites par les soldats pour
allumer des pipes d'opium. Parfois la découpe
est faite en reliant les quatre trous centraux
de la cheminée de façon à
laisser la flamme sortir par le coté.
Dans
les dernières années de la
guerre, les soldats désoeuvrés
trompaient leur inaction en fumant de l'opium.
Désabusés par trop d'horreurs
vécues, trop de camarades blessés
ou tués dans d'effroyables circonstances,
déstabilisés dans leurs jugements
par les dures réalités de
cette guerre qu'ils rejetaient, beaucoup
ont sombré dans l'alcool ou la drogue.
Que
pouvait être leur devenir ? Allaient-ils
sortir de ce merdier ?
D'autres,
bercés par la musique de Jimi Hendrix,
utilisèrent leur zippos pour chauffer
leur dose d'héroïne. (Jimi Hendrix
a servi avec la 101st AirBorne div.)

Emblèmes
Soudés
Un
zippo avec un insigne ou un élément
militaire est le plus facile à contrefaire.
En plus des insignes proposés par
zippo dans son catalogue, les soldats ont
collé sur leurs briquets les insignes
de leurs unités, de leurs bateaux,
ou des éléments de leurs uniformes.
C'est dans cette catégorie que l'on
trouve le plus de zippos contrefaits. Il
est plus facile de souder un élément
militaire sur un briquet que de graver un
dessin si l'on ne possède pas de
pantographe. De plus les briquets sont souvent
passés au chalumeau pour masquer
la trace de soudure. Sur un briquet dont
l'insigne à été rapporté
lorsqu'il était neuf, les traces
d'usure n'affectent pas une zone d'environ
1 mm autour de l'insigne. Cette patine est
faite années après années
et les faussaires n'ont pas le temps aussi
ils prefèrent brûler leurs
oeuvres.
Vrai
zippo 101st Airborne les deux zippos de
droite sont de fabrication récente.